Généalogie
des Nugents des Mesnuls
Les notes et références sont directement tirées du livre de Famille (se procurer le livre)
Pour une meilleure compréhension, nous faisons remonter la généalogie des Nugent des Mesnuls jusqu’à la branche aînée, celle des barons Delvin, dont elle s’est séparée au XVIe siècle avant que ses descendants ne s’exilent en France. La baronnie Delvin avait été octroyée aux Nugent par leur cousin Hugues de Lacy, premier lord-gouverneur d’Irlande pour l’Angleterre, dès leur arrivée en Irlande au XIIe siècle. Après l’avoir perdu par mariage au XIIIe siècle, ils l’avaient récupéré, par mariage également, au siècle suivant.
Ceux qui devinrent les Nugent des Mesnuls ne constituaient à l’origine qu’une branche cadette. Maintes autres branches, au passé parfois prestigieux, s’étaient déjà détachées de la branche aînée : celles de Bracklyn, de Moyrath, de Drumcree, de Donore, de Clonlost, de Dysert, de Clonkoskeran, de Ballinacor, de Killasonna, de Coolamber, de Ballina puis Farren Connel, de Carlanstown puis Waddesdon. Plus tard, il y en aurait encore d’autres. On peut ainsi comptabiliser pas moins d’une quinzaine de branches de la famille Nugent, dont le quart a disparu tandis que d’autres apparaissaient. Les plus récentes datent du XXe siècle.
Les Nugent des Mesnuls (parfois appelés “Nugent de Montfort-l’Amaury” du nom du chef-lieu de canton) forment l’une des deux branches restées françaises après l’exil jacobite commencé sous Louis XIV, l’autre étant celle des Nugent d’Ancenis qui perdit toute prétention aristocratique jusqu’à épouser la cause de la Révolution française. Alors que les Nugent d’Ancenis ont disparu en 1955, la dernière représentante des Nugent des Mesnuls est décédée en 1972.
Les rajouts au texte de couleur bleue sont des compléments d’information et renvoient au livre “Les Nugent, Dix siècles d’Histoire”, écrit en langue française et édité en 2015, lequel raconte en détail l’histoire des Nugent depuis les origines.
I. Richard NUGENT, XIIIe baron DELVIN (comté de Westmeath)
Né en 1522 de Christopher Delvin (mort en 1531 avant son père) et de Marianne Saint-Lawrence, fille du baron Howth. Richard devint baron Delvin en 1537 à la mort de son grand-père le XIIe baron. Il fut d’abord éduqué en Irlande chez son puissant voisin et cousin le comte de Kildare (principe irlandais du “forestage”) puis envoyé en Angleterre (loi commune aux barons de la couronne) chez Thomas Cromwell, principal ministre d’Henri VIII et aïeul du fameux protecteur.
Reconnu comme l’un des plus puissants barons du “Pale”, région côtière autour de Dublin où seule était appliquée la loi anglaise, Richard Delvin siégeait au Conseil privé d’Irlande qui résidait à Dublin. Il défendit les frontières de sa baronnie face aux Irlandais qu’il essayait d’angliciser et d’intégrer dans le Pale. En 1556, alors que les Ecossais attaquaient l’Irlande (la reine d’Ecosse était la jeune Mary Stuart, future dauphine de France), il accompagna en Ulster l’armée du lord lieutenant d’Irlande comte de Sussex chargé de les contrer. Puis, il fut envoyé aider le comte de Kildare à réprimer la rébellion des O’Connor, cette fois-ci dans le comté d’Offaly (rebaptisé alors King’s county par les Anglais).
Bien que baron d’Angleterre, il protégeait les biens catholiques de sa baronnie menacés par la sécularisation, tout en assurant le fonctionnement des monastères sur ses terres (abbayes de Fore et de Multyfarnham). Possédant une réelle fortune, il protégeait aussi les bardes, les lettres et les traditions gaéliques. Un poème célèbre ses louanges. Il fut tué le 1er décembre 1559, à l’âge de 37 ans, dans une embuscade tendue par les Irlandais qui disputaient ses terres à côté de la bourgade de Finea (non loin de son donjon de Ross), place-forte stratégique au bord du lac Sheeling située au nord de ses domaines (il faut comprendre que les Irlandais n’étaient pas unis entre eux). Son corps fut inhumé dans l’église de Delvin. (livre I, chap. IV, pp. 61 à 64 et notes correspondantes)
Il avait épousé Elizabeth Preston, fille du 3e vicomte Gormanston, laquelle lui avait donné trois enfants :
1. Christopher Nugent, XIVe baron Delvin, né en 1544, devenu baron à l’âge de 15 ans, qui lutta pour la préservation de la couronne anglaise en Irlande pendant la dernière guerre menée par des chefs gaëls. Auparavant, il avait connu de longues années de persécutions et de prison face à une anglicisation forcée de sa baronnie sous le règne de la reine Elisabeth qu’il avait su amadouer grâce à ses connaissances intellectuelles et son sens de l’équité. Ayant été élevé par le comte de Sussex, ses études avaient été très complètes (histoire, droit, lettres, musique). Le premier, il institua un dictionnaire trilingue anglais-latin-gaélique (qu’il parlait couramment). Il décéda épuisé le 1er octobre 1602 à l’âge de 58 ans. C’est le baron Delvin le plus célèbre de l’Histoire. (livre I, chap. IV, V et VI, pp. 64 à 84 et notes correspondantes)
2. William Nugent de Ross et Skryne, son frère puîné, auquel nous nous intéresserons désormais ;
3. Mary Nugent de Delvin, qui épousa son cousin Thomas Nugent de Moyrath ; (livre I, chap. IV, pp. 64 à 66 et notes correspondantes)
II. William NUGENT, seigneur de ROSS (comté de Meath, près du lac Sheeling), ROBINSTOWN (Meath), COLLENTRAGH (Westmeath), KILLPATRICK (baronnie Ferbill du Westmeath), DROMDERIDGE (Westmeath), devenu par mariage baron SKRYNE (Meath), seigneur de KILKARNE (baronnie Skryne du Meath) et de SANTRY (Dublin).
Né en 1550, il fut éduqué avec son frère le XIVe baron Delvin par le comte de Sussex en Angleterre. En tant que cadet de famille, il était destiné à une carrière juridique. Inscrit à Oxford en 1571, son indépendance d’esprit fit qu’il en ressortit sans diplôme. Ses préférences se tournaient vers les lettres irlandaises dont il devint spécialiste grâce à sa fréquentation des cercles de poètes gaéliques.
Sa vie romanesque commença une nuit de décembre 1573 lorsque, accompagné d’une vingtaine d’hommes en armes, il enleva la très jeune Jenet Marward que sa mère avait emmenée avec elle à Dublin. Revenu sur ses terres, il l’épousa au petit matin. Il accomplissait ainsi le projet (auquel la mère de Jenet était opposée) de son oncle Nicolas Nugent de Robinstown qui était le tuteur de Jenet. Celle-ci apportait à William plusieurs domaines dans le Meath, dont la baronnie Skryne.
A la veille d’être arrêté en mars 1581 parce qu’on le soupçonnait de participer à la révolte du vicomte Baltinglas allié aux Irlandais, il partit se réfugier en Ulster, tenta de fomenter lui aussi une révolte, mais malgré l’aide de Jenet, il vécut plusieurs mois comme un réprouvé tandis qu’elle était gardée en otage avec leur fils de trois ans. Exclu d’amnistie, le chef irlandais O’Neill le fit passer en Ecosse. De là, il partit pour les Pays-Bas espagnols afin de gagner Rome. Il entrevit en passant le duc de Savoie ainsi que le duc de Médicis à Florence. Arrivé dans la Ville éternelle, il essaya en vain, avec d’autres chefs irlandais, face au cardinal Côme, chef de la diplomatie vaticane, et à Giancomo Buoncompagni, neveu et secrétaire de Grégoire XIII, d’obtenir un soutien de la papauté pour une révolte de l’Irlande. Mais les Espagnols, qui étaient alors le bras temporel de Rome, refusèrent leur aide malgré le déplacement de William en Espagne. Celui-ci repartit donc directement pour Paris où il arriva aux environs de Pâques 1584. Il y rencontra le duc de Guise et l’archevêque Beaton chargés de coordonner les intérêts catholiques en Europe, avant de regagner l’Ecosse avec des lettres chiffrées pour Jacques III d’Ecosse. Il repassa ensuite en Irlande habillé en franciscain, où Jenet, grâce à l’entremise du comte d’Ormond, avait retrouvé la liberté. Après de nouveaux mois de proscription, il put partiellement réintégrer ses domaines sur la promesse de ne pas chercher à soulever l’Irlande.
Une fois rétabli, William établit plusieurs dossiers juridiques avec ses cousins, ce qui lui valut des menaces de mort, contre les délateurs de sa famille et en particulier Robert Dillon (assigné devant les tribunaux en 1591 mais acquitté deux ans plus tard) qui avait provoqué sa mise hors-la-loi ainsi que l’exécution pour Haute trahison du juriste Nicolas Nugent de Robinstown. Pour faire valoir ses droits, il alla jusqu’à Londres où il fut reçu par la reine Elisabeth. Quant au parlement de Dublin, il ne voulut jamais reconnaître son amnistie par Jacques 1er d’Angleterre et maintint ses mesures d’expropriation. Lui et Jenet ne retrouvèrent donc ni la baronnie Skryne (dont le siège était à Skreen dans le Meath), ni le domaine de Santry (devenu la banlieue nord de Dublin), lequel leur fut définitivement confisqué en 1620 parce qu’ils étaient catholiques. (livre I, chap. IV et V, pp. 67 à 76 et notes correspondantes)
Par delà ces périples, William est connu pour sa vie d’écrivain et de poète. Il passe pour l’un des artisans de la renaissance irlandaise du XVIIème siècle et ses dunhaires ou recueils de poèmes ont été réédités. Son expérience du monde politique et sa connaissance des princes et des rois, auxquelles il faut rajouter ses talents littéraires, le font parfois passer pour l’inspirateur de Shakespeare. (livre I, chap. VI, pp. 84 et 85 et notes correspondantes)
Il décéda à l’âge de 75 ans le 30 juin 1625 et Jenet, qui était née vers 1560, en l’année 1629. Ils eurent comme enfants :
1. Richard de Ross, héritier théorique de Ross, né vers 1580, qui rejoignit la rébellion irlandaise en 1598 et qui décéda en Hollande en 1601 ;
2. Christopher de Dardistown, né vers 1580, père franciscain à Louvain aux Pays-Bas espagnols (actuelle Belgique) en 1617 ;
3. Robert de Dublin, qui décéda célibataire en 1616 ;
4. James de Ross, seigneur de Ross, né en 1600, marié à Elizabeth Birmingham puis à Katherine Plunkett. Il décéda en 1634 sans descendant ;
5. Richard, qui administrait Ross en 1635 conjointement avec Katherine Plunkett ;
6. Thomas de Ross, qui succéda à Ross et dont descendent les deux branches françaises ;
Le seul document d’époque retrouvé (Book Funeral Entries de 1641) évoquant Thomas Nugent de Ross ne lui donne pas d’origine. Plusieurs nobiliaires le confondent avec son frère James. Toutefois, les écrits familiaux (document Durivault du XVIIIème siècle et papiers du chartiste Jean de Sédouy), confirmés par le contexte féodal et les circonstances historiques, indiquent Thomas comme descendant de William de Ross et Skryne.
III. Thomas NUGENT, seigneur de ROSS en 1641 puis exilé aux Pays-Bas.
“Papiste irlandais” selon les documents, il prit parti pour la confédération de Kilkenny en 1640. Maréchal des confédérés et gouverneur de la proche bourgade de Finea à côté du lac Sheeling, il perdit définitivement Ross Castle au plus tard en 1649-1650 lors de l’arrivée de Cromwell en Irlande. Avec son épouse Mary Plunkett de Longherew et leurs deux fils, il fut obligé de s’exiler (Cromwell avait décider d’envoyer les catholiques “en Connacht ou en exil”), sans doute en octobre 1653, dans le convoi d’une centaine d’hommes “capables de porter des armes” accompagnés de leurs femmes et enfants, autorisé à rejoindre les Pays-Bas espagnols sous la responsabilité de Richard Nugent baron Delvin que Jacques Ier Stuart avait fait comte de Westmeath. (livre I, chap. VIII, pp 110 et 111 et notes correspondantes)
En 1687, soit deux ans avant la guerre d’Irlande, on note le retour en Irlande, depuis les Pays-Bas espagnols, d’un certain capitaine Thomas Nugent qui avait combattu deux ans aux Pays-Bas avec Justin MacCarthy dans les premiers régiments jacobites (partisans du roi Jacques II Stuart). Il l’avait aussi accompagné, en 1676, dans une entrevue avec Louvois, en France (note 29, p. 387). S’agit-il de notre Thomas Nugent ? Il aurait alors eu un âge avancé, ce qui n’est pas incompatible pour un capitaine qui avait, à cette époque, un rôle social important (aussi longtemps qu’il le désirait, un capitaine était responsable d’une compagnie dont il assurait le recrutement).
Ses deux garçons étaient :
1. William, qui suit ;
2. Richard, aïeul de la branche française des Nugent d’Ancenis. Avec ses parents et son frère, il fut exilé aux Pays-Bas espagnols alors qu’il était enfant. Il se maria à Anne Nugent de Ballynea et son fils Edward à Maria Nugent de Dromeng. Son petit-fils, à nouveau Richard, devint chirurgien-major du régiment de Fitz-James de la brigade irlandaise en France avant d’épouser Anne Verdon en 1740 à Ancenis, là où ils s’établirent. Ses héritiers prirent ensuite fait et cause pour la Révolution. Malgré ses nombreux descendants, cette branche qui avait perdu toute prétention aristocratique s’éteignit en 1955 à la Chapelle Basse-Mer, dans le pays nantais. (livre II, chap. VIII, pp. 305 à 307 et notes correspondantes)
IV. William NUGENT, devenu Guillaume NUGENT en France.
Né vers 1635 en Irlande, il fut exilé aux Pays-Bas espagnols avec ses parents et son frère. Il se maria une première fois avec une fille de Thomas Nugent de Carlanstown, puis, celle-ci étant décédée sans enfants, une deuxième fois avec Eleonor Cotter le 18 février 1681 en la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles. Eleonor lui donna deux enfants. (livre II, chap. VIII, p. 299 et notes correspondantes)
Comme les autres Irlandais exilés, il repartit combattre en Irlande durant la guerre d’Irlande de 1689-1691 pour aider, en vain, Jacques II Stuart à retrouver son trône. Après le siège de Limerick d’octobre 1691, il fut exilé une deuxième fois sur le continent. Devenu capitaine, il fut tué avant 1706 “dans une des dernières guerres de Louis XIV”, sans doute vers l’âge de 70 ans. Certains le disent capitaine de cavalerie dans les gardes irlandaises (les listes n’ont pas été retrouvées) chargées de la protection de Jacques II Stuart, alors en exil à Saint-Germain-en-Laye. (livre II, chap. I, p. 198 et notes correspondantes)
Née en 1661, Eleonor Cotter (qui devint “Coulter” en France) décéda à l’âge de 45 ans le 24 octobre 1706 à Saint-Germain-en-Laye. Ses obsèques eurent lieu dans l’église paroissiale. (livre II, chap. I, p. 202 et notes correspondantes)
Leurs deux enfants furent :
1. Eleonor ou Helen, née en 1682 et baptisée à la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles ;
2. Charles [Benedict], qui suit ;
V. Charles [Benedict] NUGENT.
Né en 1683 à Bruxelles dans les Pays-Bas espagnols (actuelle Belgique) et baptisé le 4 août de la même année à la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule. Il fut d’abord mousquetaire du roi Louis XIV. En 1705, il épousa en premières noces Madeleine Ségaud qui décéda en 1728 sans enfant.
En 1726, on retrouve Charles à Paris en tant que “commis” de M. Chaban, lui-même “premier commis” ou secrétaire de René Hérault, lieutenant général de Police, connu pour sa politique antimaçonnique et l’efficacité de ses réseaux, tant à Paris qu’en province. Charles devint ensuite commis de Charles-Henri Feydeau de Malville, gendre et successeur de René Hérault. Il obtint sans doute des lettres de naturalité, comme il était prévu pour les étrangers ayant habité Paris et payé des impôts pendant au moins un an. (livre II, chap. IV, p. 234 et notes correspondantes)
En 1747 en l’église Saint-Eustache de Paris, Charles épousa en deuxièmes noces Marie-Cécile, née à Douai en 1717 où son père tenait garnison, deuxième enfant de Richard Barnewall de Kilbrew, capitaine au régiment de Berwick, et d’Elizabeth Mac Mahon. Marie-Cécile ne lui donna qu’un seul fils. Charles décéda à l’âge de 74 ans à la fin de l’année 1757, dans le quartier Saint-Sulpice. Son épouse partit alors habiter à l’abbaye royale d’Arcisses à côté de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), où sa soeur Marie-Madeleine était mère abbesse, puis regagna Paris en 1791, lorsque l’abbaye devint bien national et les religieuses dispersées. Elle décéda dans la capitale en août 1794, à l’âge de 77 ans. (livre II, chap. VIII, p. 304 et 305 avec notes correspondantes)
L’héritier de Charles et de Marie-Cécile était :
1. Charles [Basile] Benoit, qui suit ;
VI. Charles [Basile] Benoit de NUGENT appelé comte de NUGENT.
Né le 15 janvier 1748 à Paris et baptisé à l’église Saint-Roch (dans l’actuel 1er arrondissement). En juin 1767, Charles Benoit était domicilié rue de Condé (6e arrondissement), dans le quartier Saint-Sulpice à Paris. La même année, il devenait garde du corps de Louis XV dans la brigade de Vercelles de la compagnie de Beauvau et partait habiter Versailles à l’hôtel des gardes du corps, situé dans le quartier Saint-Louis. Il eut alors une fille naturelle, Adélaïde Charlotte, qui décéda à la naissance avec sa mère Bernardine Adélaïde de Choisy,
Sans doute sur la recommandation de son tuteur le lieutenant-général des armées du roi Pierre de Nugent (dernier de la branche des Nugent de Moyrath et Dardistown, lieutenant-colonel du régiment de Fitz-James à Fontenoy, fils et frère des mestres de camp du régiment de Nugent), Charles-Benoit fut nommé, en juin 1770, sous-lieutenant de la compagnie des fusiliers Redmond au régiment de Walsh de la brigade irlandaise. Ce régiment connu des déboires : après quatre affectations différentes en deux ans, il fut finalement préposé à la garde des côtes à Oléron. Surtout, d’avril 1775 à mai 1776, il fut aggloméré à la légion corse, ce qui provoqua de vives résistances de la part des irlandais. Charles Benoit était alors devenu lieutenant. (livre II, chap. VIII, pp. 298 à 301 et notes correspondantes)
Il quitta le Walsh en 1778 lors de son mariage avec Agnès [Etiennette], fille d’Etienne-Pierre Masson de Maison-Rouge qui était receveur général de Picardie et homme d’affaires, et de Geneviève Belland. Le contrat de mariage, qui assurait aux mariés 1 400 000 livres de rentes exemptées des impositions royales, fut signé le 24 mars 1778 devant notaires au Châtelet par de nombreux parents et amis, ainsi que par la majeure partie de la famille royale : Louis XVI, Marie-Antoinette, Madame Elisabeth, le comte de Provence (futur Louis XVIII) et sa femme, enfin les trois filles de Louis XV : Mesdames Victoire, Adélaïde et Sophie. Le 31 mars, le mariage religieux était célébré à l’abbaye d’Arcisses, à côté de Nogent-le-Rotrou, où demeurait sa mère et où sa tante était mère abbesse. Plusieurs notables comme le général marquis de Puységur étaient présents, ainsi que plusieurs officiers de la brigade irlandaise comme le colonel comte de Walsh-Serrant, le vieux lieutenant-général Pierre de Nugent ou le lieutenant-général de Redmond.
Deux fils, François et Joseph-Edmond, naquirent de l’union de Charles Benoit et d’Agnès. A partir de 1781, ils habitèrent rue des Tournelles à Paris. Les années précédent la Révolution les virent gérer leur fortune et cultiver des amitiés avec des artistes tels que Charles Bourgevin de Saint-Morys dont les 60 gravures furent saisies avec d’autres tableaux lors de la révolution avant d’être données au Louvre (actuelle collection Saint Morys au cabinet des dessins du musée du Louvre) pendant que l’intéressé, émigré, mettait ses talents au service de la contre-révolution en dessinant des faux assignats. Surtout, il leur fallu se défendre face au demi-frère d’Agnès (Etienne-Jean Masson, non reconnu légitime par les tribunaux), désireux de s’approprier l’héritage d’Agnès et spécialement vindicatif. Dix jugements et sept années d’efforts (de 1785 à 1792) furent nécessaires pour retrouver leurs droits. Peu avant la fin de ces règlements juridictionnels, ils acquirent un bien national de la Somme, le château de Pottes et ses 50 hectares, qui était situé entre Nesle et Péronne.
En 1792, obligée de défendre son bien cette fois-ci face à Charles-Benoit inquiété par la Révolution, Agnès demanda le divorce nouvellement institué pour se remarier deux ans plus tard, à Paris, avec un juge de paix du quartier de Bonne-Nouvelle. L’opposition de ses fils la poussa à les instituer héritiers de ses nombreux biens (le domaine de Pottes et plusieurs immeubles à Paris dont le plus important était celui de “Lacroix-Réaumur”). En attendant, elle laissait l’usufruit de Pottes à Charles Benoit. Elle décéda le 6 mai 1803 à Paris, à l’âge de 43 ans.
Outre le divorce et le remariage de sa femme, Charles Benoit connut d’autres épreuves : il échappa à une première arrestation en été 1792 et peut-être à une seconde l’année suivante. Vingt ans plus tard, il perdait aussi son fils cadet Joseph-Edmond qui, précisément, était l’héritier de Pottes. Sa vie se fit alors de plus en plus discrète. Il décéda à l’âge de 83 ans le 25 mars 1831 au 74 rue des Tournelles à Paris. Ses obsèques eurent lieu dans sa paroisse Saint-Denis du Saint-Sacrement, dans l’actuel 3ème arrondissement. (livre II, chap. IX, pp. 311 à 324 et notes correspondantes)
Leurs enfants étaient :
1. François [Louis Basile Aimé], qui suit ;
2. Joseph-Edmond, né en 1784 rue des Tournelles à Paris, sa marraine de baptême étant Elizabeth Brigitte de Redmond (elle accueillit au 16, Grande rue du faubourg du Roule l’ambassadeur du Portugal, pays où elle était née), veuve de Jacques de Nugent (1699-1740), baronnet de la Grande-Bretagne et mestre de camp du régiment de Nugent. Joseph-Edmond épousa Alexandrine Fouant de la Tombelle (1786-1821) le 20 septembre 1803 à Autremencourt en Picardie (Aisne). Il fut officier au 3e régiment étranger irlandais, d’abord lieutenant au 4e bataillon au dépôt de Bois-le-Duc en janvier 1812, puis capitaine en novembre de la même année à Williamstadt en Hollande, stationné à Berg-op-Zoom en juin 1813, puis à nouveau en France, à Lille, en juin 1814. Il décéda à l’âge de 31 ans par accident ou par maladie dans sa maison rue des prêtres à Nesle le 23 mars 1815, alors qu’il était capitaine de la 3e compagnie du 2e bataillon. Jusqu’au remembrement de 1972 qui vit disparaître le domaine de Pottes (le château avait été incendié par les allemands en 1918), il y avait dans son parc un monument à la mémoire de Joseph-Edmond. (livre II, chap. IX, pp. 321 et 322 avec notes correspondantes)
VII. François [Louis Basile Antoine Aimé] comte de NUGENT. (livre II, chap. X et notes correspondantes)
Né à Ormoy (à coté de Corbeil) dans l’Essonne le 25 janvier 1779 chez son grand-père maternel Masson de Maison-Rouge et baptisé dans l’église paroissiale Saint Jacques le 31 du mois. Ses parrain et marraine de baptême étaient son oncle maternel le baron Masson de Pressigny et sa grand-mère Marie-Cécile de Barnewall. Par contrat de mariage signé le 22 février 1805 à Paris, il épousa Anne-Virginie [Adélaïde], fille d’Adrien [Jean Baptiste] Leroy de Camilly (1757-1840), ancien receveur général des rentes, et de son épouse Marie-Valérie Bourquenoud. Le contrat fut contresigné par leurs amis parfois membres de la cour impériale ainsi que par les deux anciens consuls Cambacérès et Lebrun “en leurs hôtels”, le premier président du Conseil d’Etat (et archichancelier) et le second architrésorier.
Anne-Virginie lui apportait en dot le château des Mesnuls (Yvelines – canton de Montfort-l’Amaury) et ses 700 hectares répartis sur cinq communes (Les Mesnuls, la Bazoche, Grosrouvre, les Bréviaires et Montfort-l’Amaury), lesquels venaient s’ajouter à ses propriétés immobilières parisiennes ainsi qu’à celles de son mari. Le domaine, qui avait été constitué quinze ans auparavant par son père, avait failli disparaître lorsque celui-ci s’était vu ruiné par les assignats. Il avait alors été racheté par sa grand-mère maternelle, Marie-Adélaïde de Saint-Hilaire épouse du financier Bourquenoud, puis par leur fille Marie-Valérie qui en était devenue la première héritière. A l’intérieur, le château était meublé de mobilier royal (dispersé ensuite entre les descendants Nugent) du château de Versailles acquis en l’an II par le même Adrien Leroy de Camilly.
François poursuivit une carrière administrative : il devint maire des Mesnuls en 1808, nommé sous-préfet de Rambouillet en 1814 par le roi Louis XVIII qu’il suivit dans son exil à Gand, puis, à son retour, préfet de Gap (Hautes Alpes) en juillet 1815, de Dax (Landes) en mars 1819, du Mans (Sarthe) en janvier 1822, de la Rochelle (Charente inférieure) l’année suivante, enfin du département de l’Oise en mars 1828. Il démissionna de ses postes de préfet et de maître des requêtes (tous les préfets étaient maîtres de requêtes) les 3 et 20 août 1830 pour ne pas servir Louis-Philippe. Il se retira alors aux Mesnuls où il garda seulement son mandat de conseiller général. Lui et Anne-Virginie séjournaient aussi à Paris dans leur maison située rue des Bleuets (actuel Xe arrondissement).
Après l’établissement d’une dizaine de preuves facilité par ses relations politiques, il reçut, le 3 mars 1821, une reconnaissance de noblesse avec le droit de porter le blason des Nugent qui est “d’hermine à deux fasces de gueule”. Le 11 janvier 1823, il recevait le titre de Comte à charge pour lui de constituer un majorat. Enfin, le 17 mars 1828, il recevait la confirmation que ce majorat d’une valeur de 10 000 francs et attaché à la terre des Mesnuls était inscrit au Grand Livre du Sceau.
Il embellit le château des Mesnuls dont il poussa le domaine jusqu’à 1000 hectares. Dans une aile du château, il installa une chapelle. La vie aux Mesnuls était animée par la famille Nugent et par celle des parents de Leroy de Camilly dont ses trois demi-frères : Jean-Baptiste Leroy, ancien commissaire de la Marine (décédé à 105 ans en 1844), Adrien-Salomon Leroy de Petitval, ancien directeur de la régie de Coulommiers (décédé en 1820), enfin Louis-Charles Leroy de Marcheville, ancien receveur particulier des finances et maire des Mesnuls (décédé en 1841).
François décéda à l’âge de 80 ans le 8 juillet 1859 aux Mesnuls où il fut inhumé. Il était chevalier de la Légion d’Honneur et de l’ordre de Saint-Maurice et Saint-Lazare. Anne-Virginie, qui était née le 13 septembre 1786 à Paris, décéda à Saint-Pair (Manche) le 20 août 1872. Elle est également enterrée au cimetière des Mesnuls.
Enfants :
1. [Nicolas] Charles, qui suit ;
2. Louise-Marie, née le 1er novembre 1808 aux Mesnuls, décédée célibataire à l’âge de 52 ans à Biarritz en août 1860 après être devenue aveugle (très pieuse, elle alla voir le saint curé d’Ars). Elle est inhumée au cimetière des Mesnuls.
VIII. [Nicolas] Charles, vicomte puis comte de NUGENT. (livre II, chap. XI et notes correspondantes)
Né le 11 février 1806 au 11 rue de la Concorde (actuellement rue Royale) chez sa grand-mère Marie-Valérie Bourquenoud épouse Leroy de Camilly. Il fut d’abord élève au collège Henri IV. De 1816 à 1826, il eut comme précepteur le grand érudit Etienne Rouard chargé “de lui constituer une bibliothèque”. Etienne Rouard devint lauréat de l’Institut de France, bibliothécaire de la célèbre bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence (un million et demi d’articles), correspondant régulier du ministère et membre de nombreuses sociétés savantes françaises et étrangères. Il accompagna Charles dans le grand périple que celui-ci fit en 1826 en Italie, en Allemagne, et jusqu’aux Dardanelles. Charles voyagea aussi en Angleterre en 1829.
En 1827, Charles devint auditeur au Conseil d’Etat (qui était alors le siège du gouvernement). Toutefois, il démissionna de son poste comme son père en juillet 1830 pour ne pas servir Louis-Philippe. Il publia alors plusieurs brochures expliquant ses positions, lesquelles lui occasionnèrent un procès aux assises, le 6 décembre 1830, où il se défendit lui-même. Il fut condamné à trois mois de prison “pour atteinte à la sûreté de l’Etat” (sic), temps qu’il effectua avec d’autres condamnés politiques à la prison de Sainte-Pélagie (qui serait actuellement située dans le 5e arrondissement à Paris).
Au sortir de prison, après un voyage avec son père à Holyrood en Ecosse, là où était exilé Charles X, il fonda, le 1er janvier 1832, le journal politique “Le Revenant” qualifié de “Figaro légitimiste” (les journaux satiriques, tant républicains que légitimistes, furent très nombreux à cette époque). Attaquant sans relâche le gouvernement, régulièrement saisi, le journal valut à son auteur cinq procès réunis en un seul qui se déroula le 27 août. Charles fut cette fois-ci condamné à huit mois de prison qu’il passa aux Madelonnettes (actuelle rue de Turbigo). Il fut alors succédé dans la gérance du “Revenant” par son collaborateur Albert de Cavimont.
Par contrat de mariage du 29 août 1832 signé à Paris, il épousa en premières noces Marie [Charlotte Gabrielle], fille du député Gustave Sanlot-Baguenault (qui avait gagné les élections face à Jacques Laffite, banquier de Louis-Philippe) et de Gabrielle Banguenault de Puchesse. Un fils Henri-Charles, qui ne survivrait pas, naquit en 1834, puis une fille Alice deux ans plus tard. Mais Marie, qui était née en 1813 à Paris, décéda de ses couches le 17 avril 1836 à l’âge de 23 ans (elle fut inhumée à Chateaufort dans les Yvelines).
A la sortie de ce deuxième séjour de prison, Charles était profondément désabusé. Pour se changer les idées, il partit assister en septembre 1833, tout en déjouant la police de Louis-Philippe, à la majorité du comte de Chambord, prétendant légitimiste alors en exil à Prague. Au nom des royalistes de Paris, il lui offrit une paire d’éperons d’or. Il voyagea aussi, vers 1842, en Afrique du Nord alors en pleine conquête par le général de Lamoricière.
Le reste de sa vie se déroula paisiblement. Par contrat de mariage du 9 mai 1842 signé à Paris dans l’ancien 2e arrondissement, il épousait en secondes noces Henriette [Aglaë Françoise] de Malart, fille du comte Claude de Malart qui, comme les Nugent, partageait son temps entre Paris et sa propriété située dans le Pays d’Auge, en Normandie. Les jeunes mariés emménagèrent au 14 place Vendôme dans l’appartement que leur avait acheté François de Nugent. C’est là où naquirent la plupart de leurs sept enfants. Le 20 avril 1860, suite au décès de son père, Charles lui succéda au Majorat et prit le titre de Comte. Durant la guerre de 1870, Charles et Henriette se réfugièrent aux Mesnuls qu’ils habitaient de plus en plus souvent. En septembre 1879, ils allèrent saluer une dernière fois le comte de Chambord en Autriche puis Charles s’éteignit à l’âge de 75 ans le 3 décembre 1881 aux Mesnuls. Son épouse, qui était née le 28 février 1822 à Paris, y décéda également à l’âge de 69 ans le 15 janvier 1891, date à laquelle cessa toute vie familiale aux Mesnuls. Ils furent tous deux inhumés au cimetière des Mesnuls.
Charles a laissé plusieurs ouvrages dont la valeur est encore attestée de nos jours. Ainsi un recueil de “Maximes et Pensées” digne selon certains des maximes de La Rochefoucault, une longue suite de poèmes rassemblés en un ouvrage intitulé “Souvenirs d’un voyageur” qui raconte ses voyages ou encore diverses pensées publiées dans différents journaux.
Enfants du premier lit :
1. Henri-Charles [Louis Arthur Venceslas], né le 23 janvier 1834 et décédé à la naissance ;
2. [Marie Camille] Alice, née le 8 avril 1836 au 17 boulevard Poissonnière (chez ses grands-parents Sanlot-Baguenault, dans l’actuel 9e arrondissement) et baptisée à l’église Notre-Dame de Bonne Nouvelle. Elle épousa le 23 avril 1858 à Paris le comte Achille de Lenzbourg à qui elle donna cinq enfants : Marie devint Visitandine ; Camille, soeur de charité ; Joséphine épousa Henri de Meyrignac ; Charles épousa Marguerite de Pleurre ; Thérèse se fit aussi soeur de charité. Jeanne décéda à l’âge de 50 ans le 19 octobre 1889 à Fribourg en Suisse et Achille le 27 décembre 1892. Ils sont tous deux inhumés à Vogelhaus non loin de Fribourg. (livre II, chap. XI, p. 351, chap. XII, p. 357 et notes correspondantes)
Enfants du second lit :
1. Jeanne [Marie Virginie], née le 29 juillet 1843 au 14 place Vendôme à Paris et baptisée au château des Mesnuls. Le 21 avril 1866, elle épousa aux Mesnuls le marquis Alain Le Chartrier de Sédouy, avec lequel ils partirent s’établir au château de Beuvrigny dans la Manche. Ils eurent également cinq enfants : Marguerite épousa Louis de Monthuchon ; Alain épousa Madeleine de Brémond d’Ars ; Clotilde entra en religion ; Thérèse également ; Jean, chartiste, épousa Marguerite de Bonfils. A la mort d’Alain en janvier 1892, Jeanne entra chez les “Dames du Calvaire” en Belgique chargées de soigner les femmes cancéreuses. Devenue supérieure de son Ordre, elle décéda à l’âge de 77 ans le 11 avril 1920 à Bruxelles. (livre II, chap XI, p 351, chap. XII, p. 357 et notes correspondantes)
2. [Ernest François Marie] Richard, comte de Nugent, qui suit ;
3.[Félix Marie] Pierre, vicomte puis comte de Nugent. (livre II, chap. XII, pp. 359 et 360 avec notes correspondantes), né le 17 février 1848 au 14 place Vendôme à Paris. Il épousa le 28 juin 1876 aux Mesnuls Madeleine [Marie Léonie], fille de Ernest baron de Boutray et de Marie Léonie Coustou (petite-fille du célèbre sculpteur) qui, lui aussi, partageait son temps entre Paris et sa propriété de Galluis, voisine de celle des Mesnuls. Pierre et Madeleine habitèrent d’abord l’hôtel du 101 rue du Bac à Paris que Madeleine avait reçu pour son mariage et, en octobre 1892, ils emménagèrent au château de la Talle, réplique néo-gothique du château des Mesnuls aux dimensions plus adaptées, qu’ils avaient construit sur une butte forestière de la commune voisine des Bréviaires.
Atteint d’une “maladie de la moelle épinière”, Pierre décéda à l’âge de 44 ans le 15 août 1916 au 21 rue Saint-Louis à Versailles et Madeleine le 30 juillet 1943 au Mans, dans l’hôtel particulier situé au 9 place Gustave Langevin (devenu place Girard) qu’elle avait acquis pour se rapprocher de sa fille. Alors que Pierre est enterré au cimetière des Mesnuls, Madeleine est inhumée à celui de Saint-Pavace dans la Sarthe, là où leur gendre possédait une maison de campagne. Bien qu’agréable à vivre, le château de la Talle fut vendu dans les années vingt.
Pierre et Madeleine avaient eu deux enfants :
I. [Charles Ernest Marie] François, né le 7 juin 1887 à Galluis chez ses grands-parents maternels. Eduqué à Saint-Jean-de-Béthune chez les eudistes (congrégation de saint Jean-Eudes) à Versailles, il entra en 1905 dans leur noviciat à Gyseghem (Belgique) et partit en 1907, à sa demande, dans leur séminaire à Halifax (Nouvelle-Ecosse – Canada anglais). Il prononça ses voeux en 1909. Ordonné prêtre le 29 juin 1911 par Mgr MacCarthy, il enseigna dans divers collèges du Nouveau-Brunswick. Souffrant, il revint en France en 1927 pour habiter la maison des eudistes située à Plancouët en Bretagne. Détaché à Paris de 1941 à 1954 au séminaire des vocations tardives, il revint à Plancouët pour y décéder à 76 ans le 30 janvier 1963. La tombe collective où il était enterré a disparu lors de la vente de la maison des eudistes. C’est le dernier descendant masculin des Nugent des Mesnuls.
II. [Léonie Marie Madeleine] Yvonne, née le 2 octobre 1888 à Galluis chez ses grands-parents maternels. Elle épousa le 24 avril 1912, en la cathédrale Saint-Louis de Versailles, Jean Gaudin de Saint-Rémy, officier de carrière puis commissaire des Chantiers de Jeunesse pour la région du Languedoc, décédé de maladie le 21 janvier 1945 au Mans. Ils eurent huit enfants : Georges, qui épousa Paule du Mesnildot ; Jeanne décédée à la naissance ; Patrice mort pour la France ; Bernadette décédée célibataire ; Gonzague, qui épousa Jacqueline Abriat de Laforest ; Antoine, qui épousa Claude Truchet ; Thérèse décédée célibataire ; Michel, qui épousa Marie-Madeleine Rémond. Devenue l’ultime héritière des Nugent des Mesnuls, Yvonne décéda à l’âge de 84 ans le 12 octobre 1972 au 9 place Gustave Langevin (devenue place Girard) au Mans. Elle est inhumée au cimetière de Saint-Pavace dans la Sarthe auprès de son mari et de sa mère.
4. [Louis Marie] Patrice, baron de Nugent (livre II, chap. XII , pp. 360 et 361 avec notes correspondantes), né le 2 janvier 1851 au 14 place Vendôme à Paris. Volontaire de l’Ouest (anciens zouaves pontificaux) en 1870, il devint d’abord sous-lieutenant, puis lieutenant au 134e régiment d’infanterie en 1880. Passé dans l’armée d’Afrique, on le retrouve en 1885 à Fort National en Algérie, et l’année suivante à Nam-Dinh au Tonkin où il est nommé capitaine au 2e régiment de Tirailleurs tonkinois. Blessé le 29 avril 1888 d’une balle dans le pied au combat de Dong-Bang (prise de Fort Muong), il fut rapatrié à Hanoï. Bien que robuste et optimiste, il décéda à l’âge de 37 ans le 20 mai de la même année et ses obsèques, toujours à Hanoï, se déroulèrent avec les honneurs militaires. Il était décoré de l’ordre du Dragon d’Annam. Il a une stèle commémorative au cimetière des Mesnuls.
Il avait épousé le 31 mars 1880, en l’église Saint-Jean-de-Malte à Aix-en-Provence, Christine, née en 1857, fille du marquis Auguste d’Espagney. Ils eurent deux enfants :
I. [Charles] Gilbert [Louis Marie], qui suit ;
II. [Félix Henri Marie] Richard, né en 1882 à Aix-en-Provence, où il demeurait 38 cours Mirabeau en 1888. Il était étudiant à l’université catholique de Lille. Soldat à la 27ème compagnie du 146e d’Infanterie, il fut mortellement blessé d’un éclat d’obus le 29 août 1914 à Crévic en Meurthe-et-Moselle. Il décéda le lendemain à l’âge de 32 ans à Saint-Nicolas-de-Port où il est enterré. Il a une stèle commémorative au cimetière des Mesnuls.
5. [Aglaë Albertine] Henriette [Marie], née le 5 avril 1856 à Paris, sans doute chez sa grand-mère de Malart, dans l’ancien Xe arrondissement. Elle attendit la mort de son père en 1881 pour venir habiter chez les Carmes du 72 rue de Vangirard. En 1892, elle entra dans la Société de Marie Réparatrice ou réparatrices et prit le nom de Mère de Saint-Dismas. Elle voyagea beaucoup : Liesse, Nantes, Paris, Louvain, Toulouse, Rome, Jérusalem. Etant devenue supérieure de maison de son ordre, elle décéda à l’âge de 74 ans au Caire le 20 mai 1930 et fut enterrée là-bas (livre II, chap. XII, p. 357 et notes correspondantes).
6. Jean [Laval], mort en bas-âge ;
7. Jacques [Laval Marie] (livre II, chap. XII, pp. 361 et 362 avec notes correspondantes), né le 23 octobre 1861 aux Mesnuls. Après avoir rempli ses obligations militaires dans l’armée britannique à Jersey, il partit s’établir en Floride en 1885. Il épousa Florence Does en 1896 qui décéda en avril 1901 en donnant naissance à leur fils Patrick. Il se remaria en 1908 avec Florence Baldwyn et décéda à l’âge de 53 ans le 25 septembre 1914 à Miami (Floride) où il fut enterré. Leur seul enfant fut :
1. Patrick, né en avril 1901, qui épousa Dorothy Patten en août 1926. Leur fille unique Patricia s’est marié en 1952 à Savannah en Caroline du Nord avec Roy Russel duquel elle a eu trois enfants.
[Ernest François Marie] Richard, comte de Nugent. (livre II, chap. XI, p. 350, chap. XII, pp. 358 et 359 avec notes correspondantes)
Né le 26 octobre 1844 au 14 place Vendôme à Paris et baptisée à l’église de la Madeleine le 30 du mois. Fils de Charles comte de Nugent, décédé en 1881, et d’Henriette de Malart, décédée en 1891 (cf. infra).
Il devint officier de cavalerie dans l’armée autrichienne, peut-être auprès du comte Albert de Nugent, fils aîné du Prince Laval Nugent, Feldmarshall de l’empire d’Autriche. On retrouve Richard à Vienne en Autriche en 1879 et les années suivantes. En février 1893, devenu officier hors cadre et demeurant Kantgasse n°1, il épousait Sophie Laubheimer, originaire de Mariazell en Styrie. Après son mariage, les jeunes mariés revinrent en France pour habiter la Tourretière, maison en face du château des Mesnuls qu’ils ne pouvaient entretenir (le partage du domaine des Mesnuls avait été fait en 1882 à la mort de Charles) et qu’ils faisaient visiter dans le but de le vendre. Il fallu attendre 1914 pour trouver un acheteur en la personne de la fille du carrossier Erlehr du IIe empire (devenue marquise de Béthune-Sully, titre qu’elle contesta ensuite), puis Richard et Sophie retournèrent à Mariazell en Autriche.
Richard y décéda le 27 décembre 1924 à l’âge de 80 ans. Il y fut inhumé ainsi que Sophie qui décéda le 13 décembre 1938. Richard était chevalier de l’ordre souverain de Malte, de l’ordre militaire de Saint-Grégoire-le-Grand, de la Légion d’Honneur et de l’ordre de Saint-Maurice et Saint-Lazare.
[Charles] Gilbert [Louis Marie], dernier comte de NUGENT en France.
Né le 2 mars 1881 à Aix-en-Provence de Patrice, baron de Nugent décédé en 1888, et de Christine d’Espagnet (cf. infra). Il demeurait 38 cours Mirabeau dans la même ville en 1888. Brigadier au 23e régiment d’artillerie en 1916, il vécut ensuite à Aumale dans l’Oise et décéda célibataire à l’âge de 58 ans le 21 février 1939 à Chantilly, toujours dans l’Oise. Il est le dernier à être enterré dans l’enclos familial du cimetière des Mesnuls (Yvelines). (livre II, chap. XII, p. 361 et notes correspondantes)